Fini le laser et la chirurgie ? Les nouvelles armes contre les varices
Une nouvelle alternative sans chirurgie ni laser émerge avec les ultrasons focalisés HIFU-NT. Vers un tournant en médecine vasculaire ?

Et si l’époque des chirurgies et des fibres laser tirait doucement sa révérence ?
Face aux 10 millions de Français atteints de varices symptomatiques, la pression monte pour trouver des alternatives à la chirurgie classique ou à l’injection de détergeant. Le traitement doit être efficace, oui. Mais il doit surtout être rapide, indolore, sans cicatrice, et compatible avec une reprise immédiate du quotidien. C’est dans ce contexte qu’émerge la thérapie par ultrasons focalisés non thermique (HIFU-NT), technologie discrète mais prometteuse, portée en France par des acteurs comme Veinsound.
Un problème de santé publique largement sous-estimé
Les varices ne sont pas qu’un souci esthétique ou un inconfort passager. Elles représentent le visage visible d’une maladie veineuse chronique qui touche plus de 20 % des adultes en France et parfois bien plus dans les pays industrialisés. Environ 10 millions de Français vivent avec des varices classées C2 dans la classification CEAP, autrement dit avec des symptômes cliniquement significatifs.
Ce n’est pas un détail pour les systèmes de santé : entre les complications (ulcères, thromboses), les arrêts de travail, et les soins à répétition, la facture pèse entre 1 et 3 % des budgets santé nationaux. Et la situation ne fait qu’empirer : la progression vers des formes sévères atteint 4,3 % par an.
Les facteurs de risque ? Ils sont bien connus : station debout prolongée, antécédents familiaux, grossesses multiples, obésité. Autant d’éléments qui font des varices une pathologie à la fois banalisée et évitablement négligée.
Des traitements classiques que les patients n’osent pas toujours
La chirurgie conventionnelle (éveinage avec crossectomie) reste encore aujourd’hui la référence : 44 % des interventions selon les données récentes. Mais cette solution, pourtant efficace, se heurte à une série d’obstacles bien réels sur le terrain.
D’abord, le risque de récidive : à 5 ans, 52 % des patients développent de nouvelles varices sur le membre controlatéral. Ensuite, l’arrêt de travail : entre 7 et 10 jours en moyenne, avec un impact économique non négligeable. Et surtout, la peur : près de 7 patients sur 10 repoussent leur traitement en raison des suites opératoires redoutées.
Même la sclérothérapie, prisée pour les formes plus modérées, n’est pas sans limites : thrombophlébites dans 3 à 5 % des cas, pigmentation de la peau dans jusqu’à 30 % des situations, et obligation de séances répétées. Bref, efficace, mais lourd.
HIFU : des ultrasons pour éviter le bistouri
C’est là qu’entre en scène une approche radicalement différente : les ultrasons focalisés non thermique, ou HIFU-NT. Une technologie qui mise non plus sur la chaleur (comme le laser), ni sur la chirurgie, mais sur un effet mécanique parfaitement ciblé.
Le réseau veineux ciblé est superficiel, moins de 3cm sous la peau, l’imagerie embarquée dans la tête de sonde est parfaitement adaptée à ces distances et offre une grande précision de traitement. De plus, un système intelligent d’assistance au guidage et repérage de la veine à traiter, sera intégré dans la version commerciale.
Thomas Charrel – CEO de Veinsound
Le principe : des microbulles de gaz présentes dans le sang sont excitées par des ultrasons de haute intensité. Résultat : elles oscillent jusqu’à provoquer une désorganisation locale de la paroie veineuse, sans léser les tissus voisins. Tout cela sous contrôle en temps réel, via une fusion d’imagerie échographique et d’intelligence artificielle.
Dans les essais précliniques, chaque segment veineux est traité en moins de 5 minutes, sans incision, sans chaleur, sans cicatrice. La matrice extracellulaire est préservée, un point crucial pour éviter les effets indésirables à long terme.
Des promesses qui répondent à une attente concrète
Ce n’est pas qu’une prouesse technique. C’est aussi une réponse à l’évolution des attentes des patients. Une étude qualitative auprès de 1200 personnes atteintes de varices montre que 92 % privilégieraient une méthode non invasive, même à coût supérieur. Pourquoi ? Parce qu’ils veulent reprendre leurs activités immédiatement (97 %), éviter les cicatrices (critique pour 89 % des moins de 40 ans), et bénéficier d’une prise en charge personnalisée.
Sur ce point, HIFU-NT avance ses arguments : traitement en cabinet, sans bloc opératoire, sans anesthésie locale, avec un coût global allégé (jusqu’à 1800 € d’économie par acte comparé à une intervention classique). Les sondes sont réutilisables, contrairement aux fibres laser, et le suivi post-opératoire est réduit de 80 %.
Nous avons posé la question à Thomas Charrel : quelles conditions votre technologie pourrait-elle s’intégrer dans un parcours de soins standard, notamment en médecine de ville ou en cabinet libéral ?
Thomas Charrel : Le dispositif Veinsound est aussi compact qu’un échographe est s’intègre facilement au cabinet de ville. De plus, l’absence de consommable à usage unique facilite son utilisation dans un contexte libéral.
Mais des verrous restent à lever
Comme toute innovation, HIFU-NT n’est pas encore un standard de soins. Pour l’instant, elle montre surtout son potentiel sur des veines de taille moyenne, supérieures à 5 mm. Des travaux sont en cours pour adapter la technologie aux veines plus fines, ou aux réseaux complexes comme les saphènes accessoires.
Côté régulation, le cadre reste à affiner : la HAS n’a pas encore intégré ces innovations dans ses recommandations (dernière révision en 2018). Un projet de diplôme universitaire en IA appliquée à la médecine vasculaire est à l’étude pour former les professionnels à l’utilisation de ces nouveaux outils.
Les premières études comparatives multicentriques entre HIFU-NT et thermo-ablation sont attendues d’ici 2026. Leur objectif : déterminer si les gains théoriques se traduisent par une réelle plus-value clinique dans le temps.
Entre attentes sociétales et bascule technologique
Le traitement des varices est à un tournant. Entre le poids croissant de la demande, les limites des traitements actuels, et les exigences de personnalisation des patients, le modèle classique montre ses failles. L’arrivée des ultrasons focalisés non-thermique ouvre une nouvelle voie : celle d’un traitement non invasif, rapide, indolore et potentiellement plus équitable en termes d’accès.
Reste un défi de taille : intégrer ces technologies dans un parcours de soins standardisé, validé scientifiquement, et accessible au plus grand nombre. Car si le laser et la chirurgie ont dominé les deux dernières décennies, les patients, eux, regardent déjà vers l’après.