L’impact des nouvelles technologies dans la collecte des retours utilisateurs
Dans le développement des dispositifs médicaux, la voix des utilisateurs a toujours occupé une place centrale.
Évaluations formatives, sommatives, tests d’usage en conditions réelles : le processus d’aptitude à l’utilisation, encadré par la norme EN 62366, impose une rigueur essentielle pour garantir la sécurité, la compréhension et l’efficacité des dispositifs.
Pendant longtemps, cette approche reposait sur des cycles relativement longs et coûteux. Il fallait souvent plus de temps pour réaliser un prototype suffisamment développé pour initier les premiers tests. L’analyse reposait principalement sur l’observation directe, et les moyens techniques limitaient le volume ou la diversité des données exploitables.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies viennent bousculer les pratiques : non pas en remettant en cause la démarche, mais en la rendant plus agile, plus rapide, et parfois plus approfondie.
Des retours plus précoces, plus réguliers, plus détaillés
Grâce aux outils numériques, les retours utilisateurs peuvent désormais être intégrés dès les premières phases de conception, voire dès les premières idées. Les solutions de prototypage interactifs permettent de tester des interfaces numériques avant même que la moindre ligne de code ne soit produite.
Pour les dispositifs physiques, les imprimantes 3D jouent aujourd’hui un rôle similaire : elles rendent possible la fabrication rapide de prototypes fonctionnels, manipulables en quelques heures au lieu de plusieurs semaines. On peut ainsi tester l’ergonomie, le poids, la préhension, l’assemblage et itérer presque en temps réel.
Les plateformes de test à distance facilitent la collecte de retours auprès d’utilisateurs variés, dans des délais réduits et sans contrainte géographique. Des dispositifs médicaux peuvent même être envoyés directement aux participants pour être testés dans leur environnement habituel, le tout sans que le modérateur n’ait besoin de se déplacer grâce à la visioconférence.
Les technologies immersives apportent une nouvelle dimension : la réalité virtuelle ou augmentée permet de simuler des contextes d’usage complexes, tandis que les capteurs physiologiques (rythme cardiaque, eye-tracking) révèlent des signaux auparavant invisibles : hésitations, détours dans les parcours, points de tension cognitive, ou encore émotion.
Résultat : une idée peut être testée en quelques jours, puis ajustée presque immédiatement. On gagne du temps et de la pertinence, en confrontant plus tôt ses choix de design aux réalités du terrain.
Exemple : Avant même de développer le logiciel d’un dispositif, une équipe peut tester plusieurs maquettes interactives pour identifier le design d’écran le plus intuitif, le plus sécurisé. Les retours recueillis en amont évitent des mois de développement dans une mauvaise direction.
Plus de données, plus vite mais pas sans recul
Cette abondance de données peut donner un faux sentiment de maîtrise et il convient d’être prudent. Suivre un regard ne permet pas de comprendre pourquoi il s’est arrêté à un endroit précis. Un pic de stress ne révèle pas nécessairement un problème d’ergonomie.
Et même une IA capable d’extraire des tendances ne remplacera jamais ni l’interprétation humaine, ni la compréhension des micro-comportements.
La technologie facilite la collecte des données et peut guider l’analyse. Mais elle ne pense pas à notre place. Et c’est là que le rôle de l’expert devient plus crucial que jamais : savoir lire entre les lignes, croiser les observations avec les retours, et replacer chaque information dans son contexte, tout en prenant en compte les éventuels biais.
Des outils puissants, mais pas sans limites
Dans un cadre réglementaire, notamment lors des phases de validation comme l’évaluation sommative, le digital trouve ses limites. Les exigences de la norme EN 62366 ou de la FDA, rappellent que certaines erreurs d’utilisation ne peuvent être identifiées que dans un contexte réaliste, au plus près du contexte d’usage et des contraintes du terrain.
Ainsi, les outils numériques constituent un excellent levier pour préparer, enrichir et éclairer la phase de conception. Mais ils ne sauraient se substituer à l’observation directe, ni à la rigueur et à la prise de recul nécessaires pour interpréter ce que l’on observe en conditions réelles.
La rigueur ne change pas, les moyens évoluent
Dans le domaine des produits de santé, la rigueur de la recherche utilisateur reste une constante. Ce que les nouvelles technologies transforment, c’est la vitesse et la flexibilité avec lesquelles ces retours peuvent être collectés, analysés et transformés en actions concrètes.
Il ne s’agit pas de multiplier les tests sans but. Mais de recueillir des retours autrement : plus tôt, plus souvent, à des moments où cela était autrefois impossible. On détecte des problèmes, on valide des hypothèses et on remet en question des choix avant qu’ils ne deviennent coûteux.
Mais sans méthode rigoureuse, sans expertise, ni regard critique, ces nouveaux outils ne valent rien.
Dans un domaine où la sécurité, la compréhension et l’efficacité des dispositifs sont essentielles, c’est la combinaison des nouvelles technologies et de l’analyse humaine qui fait la différence lors de la conception.
Chez Usarea, nous observons chaque jour que la technologie ne remplace par l’expertise : elle la valorise.