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Rééducation cardiaque : quels leviers pour l’observance des patients ?

Pourquoi tant de patients abandonnent-ils leur rééducation cardiaque, malgré des bénéfices prouvés ? Accessibilité, adhésion, outils numériques : zoom sur les leviers concrets pour améliorer l’observance, avec des retours de terrain et des approches hybrides déjà testées.

70 % des patients éligibles ne suivent pas leur programme de rééducation cardiaque. Pourquoi une solution efficace est-elle si peu utilisée ? En France, la réadaptation cardiovasculaire est reconnue pour son efficacité, mais reste largement sous-exploitée. L’observance, pierre angulaire du succès thérapeutique, se heurte à des obstacles multiples : logistiques, psychologiques, sociaux. Dans ce contexte, de nouvelles approches notamment hybrides et numériques tentent de renverser la tendance.

Une pratique efficace… mais peu suivie

Avec près de 5 millions de patients atteints de pathologies cardiovasculaires, la réadaptation cardiaque devrait être une priorité de santé publique. Pourtant, seuls 30 % des patients éligibles y accèdent. Loin d’être un problème de résultats cliniques (leur efficacité est largement documentée), c’est bien un problème d’accès et d’adhésion qui freine le déploiement de ces programmes. En cause ? Une offre insuffisante, des contraintes de déplacement, et un défaut d’appropriation par les patients eux-mêmes.

La crise sanitaire a accentué ce déséquilibre. En 2020, l’activité des établissements de SSR a chuté de 17,6 %, avant de rebondir partiellement. Mais la question de fond reste : comment rendre ces programmes plus attractifs, accessibles et durables pour les patients ?

Comprendre les freins à l’observance : quand la rééducation déraille

Pourquoi tant de patients décrochent alors que la rééducation pourrait transformer leur quotidien ? Sur le papier, le parcours est balisé : un programme d’exercices adaptés, des séances régulières, un suivi médicalisé. Mais dans la vraie vie, la mécanique s’enraye vite.

Premier obstacle : l’accessibilité. Certains centres sont saturés, d’autres trop éloignés. Pour une personne âgée, fragile, parfois dépendante d’un proche ou d’un taxi, se rendre deux fois par semaine dans une structure spécialisée devient un parcours du combattant. Et à la moindre complication météo, emploi du temps, fatigue le créneau saute.

Deuxième frein, plus insidieux : le manque d’appropriation. Quand les consignes sont techniques, les vidéos floues ou les objectifs flous, l’adhésion vacille. Certains patients disent « faire comme ils peuvent », d’autres abandonnent en silence. L’aidant, souvent livré à lui-même, n’a ni les outils ni les clés pour accompagner efficacement.

Enfin, il y a le facteur humain. Beaucoup de patients n’ont jamais été sportifs, n’ont pas confiance en leur corps, ou traînent des représentations négatives de l’effort physique. Sans soutien psychologique ou motivation bien ancrée, difficile de s’investir dans un programme qui demande rigueur, régularité et patience.

Résultat : l’observance est généralement bonne. Cependant, peu de patients accèdent à un programme de rééducation cardiaque. En cause ? Une appréhension fréquente : celle de devoir “retourner à l’hôpital”, un environnement dont ils sortent souvent lassés, voire anxieux. C’est précisément là qu’intervient Ensweet, en proposant une solution de téléréadaptation directement au domicile du patient. L’objectif : restaurer la continuité des soins sans recréer un cadre hospitalier, pour une prise en charge plus confortable, moins stressante et mieux acceptée.

C’est précisément sur ce point qu’intervient la plateforme Ensweet, avec un système de détection automatisée de la baisse d’engagement. Dès qu’un patient décroche, une alerte est envoyée à l’équipe soignante, qui peut réagir rapidement par un appel, un message ou une téléconsultation. L’objectif : éviter que le lien thérapeutique ne se rompe dans le silence.

Ce que dit la science sur l’adhésion : ce n’est pas qu’une question de volonté

Derrière chaque patient qui “lâche” son programme de rééducation, il y a rarement un manque de motivation pur et simple. Ce que montre la littérature récente, c’est que l’adhésion repose sur des ressorts bien plus complexes, à commencer par la perception que le patient a de lui-même.

Plusieurs études soulignent ainsi le rôle central de l’auto-efficacité cette petite voix intérieure qui dit “tu peux y arriver”. Si le patient se sent incapable de faire les mouvements demandés, il n’essaiera même pas. À l’inverse, un antécédent d’activité physique régulière ou une motivation intrinsèque forte peuvent suffire à enclencher une dynamique positive.

Ces dimensions subjectives, Ensweet tente de les objectiver à travers des outils numériques couplés à des questionnaires cliniques. La plateforme recueille non seulement les données physiologiques comme la fréquence cardiaque via capteur connecté – mais aussi les retours patients sur leurs sensations, leur fatigue ou leurs doutes, pour affiner l’accompagnement à distance.

La compréhension et l’appropriation des consignes peuvent varier selon les parcours et les expériences de chacun. Par ailleurs, lorsque l’état de santé est plus stable, il est souvent plus facile pour la personne de s’impliquer dans la démarche en toute confiance.

L’essentiel ? L’observance ne dépend pas d’un effort mental surhumain L’observance ne résulte pas d’un élan de motivation du patient à faire sa séance, mais d’un équilibre entre ce que le patient comprend, ce qu’il croit pouvoir faire, et ce qu’il vit au quotidien. Un équilibre qu’il faut soutenir, entretenir et préserver.

Téléréadaptation : le pivot innovant qui change tout

Et si on arrêtait d’opposer rééducation “humaine” et technologies de santé ? La téléréadaptation montre que les deux peuvent cohabiter et même se renforcer mutuellement.

Le principe est simple : ne plus obliger le patient à choisir entre soins et vie quotidienne. Au lieu d’imposer des allers-retours vers le centre, on bascule une partie de la prise en charge à domicile, tout en gardant un lien durable avec l’équipe soignante.

Le projet Walk Hop, encadré par un arrêté ministériel, pousse cette logique plus loin. Il propose un démarrage en présentiel (pour établir la relation et ajuster les exercices), suivi de séances à domicile en autonomie, et de sessions collectives à distance. À chaque étape, les données sont tracées, analysées, puis utilisées pour ajuster le programme. Résultat : un suivi chirurgical… depuis son domicile.

La solution Ensweet suit cette même logique : un point de départ en présentiel pour évaluer les capacités physiques, établir le lien humain, et initier le patient à l’usage de l’outil numérique. Ensuite, les ajustements sont faits à distance, selon l’évolution de chaque profil. Les soignants peuvent modifier l’intensité, la fréquence ou le contenu des exercices en fonction des retours cliniques, transmis de manière asynchrone via la plateforme.

Cette forme hybride redonne de la souplesse au parcours de soins. Le patient reste encadré par un protocole structuré souvent 20 séances mais bénéficie d’une organisation plus flexible, qui s’adapte à son rythme de vie, à ses capacités physiques et à ses contraintes personnelles. Il n’est plus simple exécutant, mais partie prenante d’un programme qui le prend en compte dans sa globalité.

Le numérique chez Ensweet ne remplace pas l’humain : il le complète. Avant de débuter la téléréadaptation, les patients réalisent un bilan d’entrée et un test d’effort en centre, incluant une première séance d’activité physique adaptée et la prise en main de l’application.

Marie-Amélie Caux, responsable communication et marketing
Alexix Hochart, Business Developer

Quels leviers pour (vraiment) améliorer l’observance ?

Premier levier : la personnalisation. L’idée n’est pas neuve, mais elle reste trop souvent théorique. Dans la réalité, chaque patient souffrant de pathologie cardiovasculaire arrive avec son propre bagage : état physique, vécu émotionnel, niveau d’anxiété, préférences d’activités physiques adaptées (APA). Adapter le programme, ce n’est pas cocher des cases, c’est envoyer un signal fort : “le soin s’adresse à vous, tel que vous êtes”. Intensité, rythme, types d’exercices chaque paramètre devient un levier pour renforcer l’adhésion.

Deuxième levier : l’alliance entre l’humain et le numérique. Le numérique seul peut vite devenir froid, impersonnel. Mais quand il est bien utilisé pour visualiser un mouvement, recevoir un rappel ou échanger simplement avec l’équipe il devient un vrai catalyseur de lien. Un soutien discret, mais présent : un tuteur invisible qui guide sans remplacer.

Troisième levier, tout aussi essentiel : une prise en charge globale. Rééduquer un cœur, ce n’est pas juste faire bouger le corps. C’est aussi comprendre pourquoi on le fait, surmonter ses peurs, rompre l’isolement, retrouver confiance. L’éducation, le soutien psychosocial et émotionnel sont des piliers aussi importants que l’exercice physique. C’est souvent cette approche à 360° qui donne aux patients l’élan pour continuer.

Vers une observance ancrée dans le quotidien

Car l’observance, en rééducation, n’est pas qu’une question de volonté. C’est une question hollistique. Et c’est là que la téléréadaptation change la donne : en alliant technologie adaptée, personnalisation du parcours, et lien humain, elle lève les freins à l’engagement.

Pour les professionnels de santé, ces approches hybrides ouvrent une voie vers une rééducation plus accessible, plus souple, et plus efficiente à long terme. Pour les patients, elles représentent la possibilité d’un retour à l’autonomie sans rupture de suivi, dans leur quotidien.

Chez Ensweet, cette alliance est pensée dès la conception du programme : la messagerie intégrée permet aux patients de poser des questions cliniques, de demander de l’aide technique ou simplement de garder un lien rassurant avec l’équipe. Et pour les plus éloignés du numérique, des solutions comme le verrouillage simplifié du smartphone (pour n’afficher que l’appli) permettent d’éviter toute confusion.

Et si, demain, la réadaptation devenait aussi accessible qu’un rendez-vous en ligne ? Le défi est posé. Les outils existent. Reste à en faire une norme de pratique.

Clémence Minota

Je suis rédactrice spécialisée en santé et innovation, passionnée par l'impact des technologies sur l'évolution des soins médicaux. Mon expertise consiste à décrypter les dernières avancées du secteur et à fournir des contenus clairs et pertinents pour les professionnels de santé.

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