Rééducation digitale : une chance pour les patients, un levier pour les CPTS
Alors que la réadaptation cardiaque reste largement sous-prescrite après un infarctus, la téléréadaptation et les CPTS offrent une solution concrète pour reconnecter prévention et territoire.

La téléréadaptation cardiaque peut combler un vide : en france, 7 patients sur 10 sortent d’un infarctus sans programme de réadaptation. Une impasse évitable, à condition de mieux organiser le parcours. Grâce à la digitalisation de ces soins, plusieurs établissements de santé ouvrent la voie. Et les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) pourraient bien devenir les piliers de ce nouveau modèle de prévention secondaire, plus équitable, plus agile.
Un besoin vital, encore trop ignoré
Les maladies cardiovasculaires restent la 2e cause de mortalité en France, juste derrière les cancers. Pour les patients ayant survécu à un infarctus, une chirurgie cardiaque ou une insuffisance cardiaque, la réadaptation cardiaque est essentielle : elle réduit les récidives, améliore la qualité de vie, et renforce l’autonomie.
Pourtant, le constat est alarmant : seulement 30 % des patients bénéficient d’un tel programme après un événement cardiaque majeur (source : Fédération Française de Cardiologie, 2023). Le reste passe à travers les mailles du filet, faute de prescription, de coordination ou de solutions accessibles.
Les recommandations sont pourtant là : la Haute Autorité de Santé (Nouveaux critères d’orientation en réadaptation cardiaque 2024) insiste sur la nécessité de proposer une réadaptation dans les 6 semaines suivant un syndrome coronaire aigu. Mais dans la réalité, l’offre reste concentrée dans certaines zones, avec des listes d’attente longues et des parcours mal connectés entre hôpital et ville.
Téléréadaptation : un virage déjà amorcé dans plusieurs établissements
Face à ces freins, la téléréadaptation émerge comme une alternative crédible. Inscrite dans l’Article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale, elle permet de proposer à domicile un programme complet : activité physique adaptée, éducation thérapeutique, accompagnement psychologique, suivi nutritionnel…
Plusieurs structures hospitalières ont franchi le cap :
- L’Hôpital Saint-Joseph et l’AP-HP Corentin-Celton (Île-de-France) ont intégré la téléréadaptation au sein de leurs parcours de soins.
- La Clinique de Durtol (Ramsay Santé) et le CRCRL de Limoges ont mis en place un modèle hybride associant séances en présentiel et en distanciel.
- Les cliniques Léopold Bellan et des Hautois ont également intégré la téléréadaptation dans l’organisation de leurs services.
Résultat : un suivi plus souple, une meilleure observance, et une continuité de soins au-delà des murs. Pour les patients isolés ou en perte d’autonomie, c’est souvent la seule option réaliste.
Les CPTS : un levier stratégique encore sous-utilisé
Si les hôpitaux initient le mouvement, ce sont les CPTS qui pourraient en assurer le relais dans les territoires. En tant que structures de coordination pluriprofessionnelle, elles sont particulièrement bien placées pour :
- Identifier les patients à risque, notamment ceux qui sortent d’hospitalisation sans orientation vers un programme.
- Mobiliser les professionnels de santé de ville – généralistes, kinés, infirmiers – souvent peu informés des bénéfices de la réadaptation et de l’existence de la téléréadaptation.
- Créer les passerelles nécessaires entre médecine de ville et établissements dotés de solutions de téléréadaptation.
- Intégrer la prévention secondaire dans leurs projets territoriaux de santé.
Ce rôle est d’ailleurs explicitement mentionné dans les missions des CPTS définies sur Ameli.fr, notamment en matière de parcours de soins et de prévention.
Dans les zones sous-dotées, rurales ou périphériques, cette action pourrait changer la donne. En organisant le repérage, l’information et l’orientation, les CPTS peuvent réduire les inégalités d’accès et décloisonner les parcours.
Un partenariat à structurer, localement
Ce qu’il manque aujourd’hui ? Une articulation claire entre acteurs hospitaliers, CPTS et médecine de ville. Les solutions techniques existent : plateformes de suivi sécurisées, objets connectés, modules d’éducation thérapeutique… Mais sans ancrage local, l’efficacité restera limitée.
C’est précisément là que les CPTS peuvent faire la différence : en assurant la logistique humaine, en coordonnant les interventions, et en veillant à ce que le soin reste lisible pour les patients comme pour les soignants.
La Haute Autorité de Santé encourage cette approche intégrée : dans ses référentiels sur la télémédecine, elle insiste sur la nécessité d’inscrire ces pratiques dans une logique territoriale, interprofessionnelle et évaluée.
Un modèle à généraliser sans perdre l’essence du soin
La digitalisation de la réadaptation ne doit pas être vue comme un “moins” de soin, mais comme une extension du soin. C’est une façon d’atteindre ceux qui, autrement, resteraient en marge. Les outils numériques ne remplacent pas les soignants, mais leur donnent plus de portée.
Les CPTS ont ici un rôle d’activateur : former les professionnels, diffuser les bonnes pratiques, intégrer ces solutions dans les parcours existants. En clair, passer de l’expérimentation à la norme, de l’innovation isolée à une organisation structurée.
Une opportunité concrète pour moderniser la prévention
En 2025, la téléréadaptation n’est plus une idée neuve : c’est un levier opérationnel. Ce qui manque, ce n’est pas la preuve de son intérêt, mais la volonté collective de la déployer à grande échelle. Les CPTS, en lien avec les établissements et les ARS, ont les cartes en main pour faire de la réadaptation digitale un pilier de santé publique.
C’est une réponse directe à un besoin de terrain, une opportunité de repenser les soins chroniques, et une façon concrète de réduire les inégalités d’accès dans la prévention cardiovasculaire.
(Article sponsorisé par Ensweet)