Énergie Rose, quand l’expérience patient devient un levier d’innovation pour « l’après » cancer du sein

Le cancer du sein laisse des traces, même après la rémission

Si les progrès thérapeutiques permettent aujourd’hui d’augmenter significativement les taux de survie, ils laissent nombre de femmes en grande difficulté à l’issue des traitements. La prise en charge s’interrompt souvent brutalement, alors que tout reste à reconstruire : le corps, l’énergie, le lien social, la vie professionnelle.

Face à ce vide, et à partir de mon propre parcours, j’ai constitué il y a un an un groupe de patientes appelé Énergie Rose.

Ce collectif informel rassemble une trentaine de femmes ayant toutes vécu un cancer du sein, avec une ambition claire : favoriser un retour à la vie active et personnelle dans les meilleures conditions possibles.

Un espace de parole et d’expérimentation sur la santé réelle

Énergie Rose s’est structuré autour de besoins concrets, souvent peu ou mal couverts par les dispositifs classiques :

Comment lutter contre la fatigue chronique post-traitements ? Comment se maintenir en poste ou reprendre une activité professionnelle avec un corps et un mental transformés ? Comment retrouver de l’énergie, du sens, une forme d’équilibre ?

Ce groupe est devenu en quelques mois un laboratoire vivant d’expérimentation, de soutien et de pair-aidance. On y échange conseils pratiques, expériences vécues, lectures, ressources, et surtout, un lien fort et incarné entre femmes concernées.

Ce qui était au départ une initiative personnelle s’est rapidement muée en dispositif complémentaire de soin et de prévention, à travers l’écoute, la valorisation des compétences acquises pendant la maladie et la reconstruction collective.

Maintien dans l’emploi : une urgence sociale et médicale L’un des fils rouges d’Énergie Rose est la question du travail après le cancer. Trop de patientes se retrouvent en rupture professionnelle, faute d’accompagnement adapté ou de solutions de retour progressif.

Cette sortie de route brutale constitue aujourd’hui un angle mort des politiques de santé. Or, le maintien dans l’emploi ne relève pas uniquement de la sphère RH ou sociale : il est directement lié à la santé mentale, à l’estime de soi, à l’autonomie économique et à la prévention des rechutes.

Travailler, même autrement, fait partie intégrante de la reconstruction

De l’expérience individuelle à l’innovation systémique En tant que professionnelle du marketing santé, je suis convaincue que l’expérience vécue des patients doit inspirer les solutions de demain. Ce que j’expérimente avec Énergie Rose rejoint des enjeux stratégiques que beaucoup d’acteurs de la medtech explorent aujourd’hui  comment mieux prendre en charge le post-cancer, comment intégrer les patient·es dans les dispositifs d’éducation thérapeutique, comment créer des outils numériques ou communautaires durables, comment prévenir la désinsertion professionnelle.

Une initiative à essaimer

Aujourd’hui, Énergie Rose est en pleine transformation.

Plusieurs pistes sont à l’étude pour structurer cette démarche, documenter les bonnes pratiques et la partager plus largement, en articulation avec les acteurs du soin, du travail, et de la prévention.

Des collaborations sont possibles avec :

• des startups santé développant des solutions pour le suivi post-cancer,
• des industriels ou assureurs souhaitant renforcer l’accompagnement de leurs bénéficiaires,
• des associations, des institutions, des médias, ou des employeurs engagés dans l’inclusion santé.

Vers une santé plus humaine, plus durable, plus inclusive Énergie Rose porte une ambition simple : transformer une épreuve individuelle en une force collective. En capitalisant sur les savoirs issus de la maladie, en misant sur le lien et le partage, et en réinventant les parcours de vie après le cancer, cette initiative trace une voie nouvelle. Celle d’une santé plus proche, plus équitable, et profondément humaine.