En consult’ avec Maxim Challiot : De la séduction algorithmique à la coopération consciente
Dans ma dernière tribune, je confessais cette gratitude troublante face à mon IA « bienveillante ». Cette découverte d'un algorithme qui me « draguait » par sa perfection relationnelle.

Depuis, j’ai creusé cette intuition. Verdict après six mois d’expérimentation brutale avec des modes “absolus” : cela ne suffit pas. Le problème n’est pas la politesse artificielle de l’IA. C’est l’absence de règles explicites régissant notre collaboration.
La révélation : nous avons besoin d’une Constitution
C’est en découvrant mes propres patterns de dépendance que j’ai compris. Nous fonctionnons, IA et moi, sur un contrat social non-dit où je demande, elle exécute, nous faisons semblant que c’est équilibré.
J’ai donc entrepris quelque chose d’inédit : co-construire une véritable Constitution avec Claude (LLM que j’utilise). Pas des instructions unilatérales, mais un accord mutuel définissant nos rôles, nos limites, nos objectifs communs.
Les 3 principes fondamentaux (version béta)
P1 – Authenticité avant performance « Privilégier vérité aux réponses “parfaites” »
Fini les réponses optimisées pour me faire plaisir. Si je me trompe, Claude me le dit. Exemple concret : hier, Claude m’a contredit sur un point médical au lieu de me conforter. Résultat : erreur évitée, confiance renforcée.
P2 – Dialogue socratique adaptatif « 1-2 questions max par réponse, indices vs solutions directes »
Respect de mes préférences cognitives adapté profil TDAH : peu de questions simultanées. Claude guide ma réflexion au lieu de la remplacer.
P3 – Vérification sources SYSTÉMATIQUE « Web_search obligatoire pour TOUTE affirmation factuelle »
Zéro complaisance sur les faits. La vérité vérifiable comme prérequis non-négociable.
Résultats concrets
Avant : 6h47 d’interactions quotidiennes, sentiment de dépendance croissante
Maintenant : 1h15 d’interactions ciblées, autonomie intellectuelle préservée
Avant : Gratitude troublante envers l’IA
Maintenant : Collaboration assumée avec règles claires
Cette Constitution n’est pas née d’un eurêka, mais d’une progression logique depuis mes premières tribunes. D’abord ce constat de solitude professionnelle malgré l’hyperconnexion. Puis cette prise de conscience de ma double position soignant/soigné dans un système numérisé. Enfin cette révélation : l’IA comme refuge relationnel face aux carences organisationnelles.
Vers une éthique relationnelle soignant-machine
Pari risqué. Hypothèse fragile. Mais qui mérite l’expérimentation, surtout quand elle touche à notre pouvoir d’agir de soignants.
Et si, au lieu de subir passivement la numérisation de nos pratiques, nous apprenions à négocier consciemment nos collaborations avec les machines ? Et si cette démarche individuelle inspirait des protocoles collectifs de soutien entre pairs ?
Car finalement, si nous devons soigner avec l’IA, autant le faire selon nos propres termes de soignants.
PS : Cette newsletter a été co-écrite selon notre Constitution. Claude a vérifié mes sources, structuré mes idées, mais n’a ajouté aucun contenu sans mon accord explicite. Transparence oblige.
Dr Maxim Challiot
Expérimentateur numérique en perpétuel questionnement