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Nabla lève 70 millions de dollars pour que les médecins soignent, pas qu’ils rédigent

Déjà adoptée par 85 000 soignants, son IA générative automatise les comptes rendus et s’attaque désormais aux workflows cliniques complexes. Objectif : faire de l’Europe son nouveau terrain d’action.

L’assistant IA de Nabla veut s’imposer en Europe

Et si l’IA pouvait vraiment redonner du temps aux médecins ? C’est le pari assumé de Nabla, startup franco-américaine qui vient d’annoncer une levée de fonds de 70 millions de dollars en Série C. Objectif : renforcer son assistant médical basé sur l’IA générative, déjà adopté par plus de 85 000 professionnels de santé, et s’implanter durablement sur le marché européen. Le financement, mené par HV Capital, Highland Europe, Cathay Innovation et des figures de la tech comme Tony Fadell (iPod) ou DST Global, porte le total levé à 120 millions de dollars depuis 2018.

De la dictée à la codification, un assistant médical qui évolue

Créée par Alexandre Lebrun (ex-Meta, cofondateur de Wit.ai), Martin Raison et Delphine Groll, Nabla a développé un assistant numérique qui automatise la rédaction des comptes rendus médicaux en temps réel. À chaque consultation, la solution écoute, transcrit, structure et restitue un compte rendu conforme, dans plus de 35 langues et 55 spécialités.

Déjà intégré aux principaux logiciels médicaux (Epic, Cerner, Greenway, Weda), l’outil est déployé dans 130 établissements de santé, du CH d’Arles au Children’s Hospital de Los Angeles. À la clé : des dizaines de milliers d’heures économisées chaque mois sur les tâches documentaires. Selon Nabla, l’usage divise par deux le temps passé à rédiger, tout en contribuant à réduire l’épuisement professionnel. Comme le soulignait une enquête sur l’IA dans les soins primaires, les médecins attendent des outils qui réduisent leur temps administratif pour se recentrer sur le soin

Mais la startup ne compte pas s’arrêter à la documentation. Son ambition est claire : construire une plateforme d’assistance clinique plus complète. Cela passe par le développement d’agents spécialisés, capables de prendre en charge la codification médicale, de suggérer des actions cliniques ou administratives, et de s’adapter dynamiquement au contexte de chaque spécialité.

Une levée de fonds pour passer à l’échelle en Europe

Après un développement stratégique sur le marché nord-américain, Nabla change de braquet. Son nouveau tour de table vise à accélérer l’expansion européenne, alors que la part de ses usages en France reste encore marginale (moins de 5 % du volume actuel).

Une partie du financement sera également consacrée au renforcement des équipes techniques à Paris, avec une priorité donnée à l’exploration de l’“Agentic AI” : une intelligence artificielle plus proactive, capable d’interagir en autonomie avec les logiciels de santé pour améliorer les workflows.

Pour Alexandre Lebrun, CEO de Nabla, il s’agit de “répondre à ce que les utilisateurs attendent : une IA à leurs côtés, pas juste pour documenter, mais pour simplifier l’ensemble de leur quotidien”. C’est dans cette logique que Nabla collabore activement avec la Délégation au Numérique en Santé (DNS) et qu’elle s’est engagée au sein de la Coalition for Health AI, un collectif visant à promouvoir une IA responsable en santé.

Une traction mondiale qui bouscule les lignes

20 millions de consultations générées par an. 85 000 professionnels utilisateurs. Et une équipe scientifique qui compte dans ses rangs Yann LeCun, prix Turing et pionnier mondial du deep learning. Nabla ne coche pas simplement les cases : elle les redéfinit.

Ce succès traduit aussi une attente forte du terrain. Alors que les logiciels médicaux traditionnels peinent encore à s’adapter aux usages, les solutions comme Nabla proposent une approche beaucoup plus fluide, intégrée, et centrée sur les besoins métier.

Dans un contexte de pénurie de personnel médical et de surcharge administrative, l’automatisation intelligente des tâches secondaires devient un levier stratégique pour maintenir la qualité des soins et la motivation des soignants. Nabla mise sur l’“Agentic AI” pour aller au-delà de la documentation, dans une logique d’automatisation intelligente des flux cliniques. Encore faut-il que ces outils soient crédibles, sûrs, interopérables des critères que Nabla semble prendre à bras-le-corps.

Une IA médecin-assistante qui ne soigne pas mais soulage

En santé, chaque seconde gagnée sur l’administratif peut être rendue au soin. C’est peut-être là le véritable enjeu de Nabla : ne pas remplacer le médecin, mais lui redonner de l’espace mental et du temps clinique.

Avec cette nouvelle levée de fonds, la startup amorce une nouvelle phase : celle de l’industrialisation, du passage à l’échelle européenne et de la consolidation technologique. Pour les établissements de santé, c’est une opportunité de tester une IA médicale en conditions réelles, sans discours magique, mais avec des résultats mesurables.

La suite ? Elle se jouera à la fois sur le terrain (adoption, preuve d’usage, compatibilité DMP…) et dans les couloirs institutionnels, où se dessinent les contours de la régulation future de l’IA en santé. Nabla pourrait à terme figurer parmi les solutions présentées aux prochains grands rendez-vous IA en santé, comme le sommet AI for Health au Grand Palais.

Mickael Lauffri

Passionné par l'innovation technologique et l'impact de la science sur la médecine, je suis rédacteur spécialisé dans le domaine des technologies médicales.

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