Wandecraft lève 65 millions pour sortir l’exosquelette du laboratoire et l’amener au soin
Wandercraft souhaite industrialiser ses exosquelettes médicaux, avec Renault et Bpifrance dans la boucle. Objectif : passer de la preuve de concept à l’usage terrain, dans les centres de rééducation comme au domicile.

L’exosquelette médical Wandercraft entre dans une nouvelle phase. L’entreprise française vient de lever 65 millions d’euros pour industrialiser ses dispositifs robotisés et accélérer leur usage en rééducation comme à domicile. Avec des investisseurs de poids comme Renault Group, le fonds PSIM de Bpifrance, Quadrant Management, Wandercraft confirme son ambition : devenir le leader mondial de la mobilité robotique médicale.
Mais derrière l’effet d’annonce se cache une stratégie bien plus ancrée dans le terrain. L’entreprise française entend accélérer deux chantiers concrets : l’adoption de son exosquelette médical de rééducation Atalante X dans les établissements de santé, et la mise sur le marché d’un exosquelette personnel auto-équilibré, Eve, attendu en 2026. Deux dispositifs qui reposent sur un tronc commun : une locomotion naturelle, optimisée par l’intelligence artificielle.
Du centre de rééducation au domicile : une continuité soignants-patients en ligne de mire
Wandercraft n’est pas un nouvel acteur dans le paysage des exosquelettes médicaux. Son produit phare, Atalante X, est déjà utilisé dans plusieurs centres de rééducation, notamment en neurologie et en médecine physique et de réadaptation (MPR). Ce dispositif auto-équilibré permet à des patients atteints de lésions médullaires ou de pathologies neuromusculaires de remarcher, dans un cadre sécurisé, sous supervision médicale.
Mais la nouveauté, c’est la perspective d’un usage personnel. En annonçant la commercialisation dès 2026 de Eve, premier exosquelette personnel auto-équilibré au monde, Wandercraft ouvre un nouveau front : celui de l’autonomie à domicile pour les personnes à mobilité réduite.
Autrement dit, un continuum d’usage entre la rééducation et la vie quotidienne, avec un enjeu majeur pour les professionnels de santé : préparer les patients, non plus seulement à remarcher en structure, mais à réintégrer un environnement de mobilité fonctionnelle chez eux.
Renault, France 2030 et Calvin-40 : le virage industriel
Ce n’est pas un hasard si Renault Group entre au capital de Wandercraft. Le constructeur automobile n’apporte pas seulement des fonds : il apporte une expertise en ingénierie, en production industrielle, en contrôle qualité à grande échelle. L’objectif est clair : passer d’un dispositif innovant à un produit industrialisé, fiable, soutenable économiquement.
Et l’ambition ne s’arrête pas aux seuls exosquelettes médicaux. Le développement éclair de Calvin-40, robot humanoïde conçu en seulement 40 jours, marque une diversification stratégique. Ce robot biped humanoïde, qui reste encore très peu détaillé publiquement, pourrait ouvrir la voie à des usages industriels, logistiques ou d’assistance physique dans d’autres secteurs tout en réinjectant des briques technologiques dans les dispositifs médicaux.
Pour les soignants, une bascule à anticiper
Pour les médecins MPR, les kinésithérapeutes et les directeurs d’établissement, cette levée de fonds pose une question très concrète : comment intégrer ces dispositifs dans les parcours ? Car l’enjeu ne sera plus uniquement celui de la performance technique, mais de l’usage réel en structure, de la formation des équipes, du financement par l’assurance maladie ou les complémentaires, et de l’acceptabilité clinique.
L’expérience utilisateur, celle du soignant comme celle du patient sera un critère central pour valider ces outils. Les retours des premiers centres équipés d’Atalante X seront donc scrutés de près dans les mois à venir.
Une healthtech française qui sort du bois
Dans un écosystème souvent éclaté entre la medtech pure, la robotique de laboratoire et la e-santé logicielle, Wandercraft fait figure de rareté : une entreprise qui combine robotique dure, intelligence artificielle embarquée, usage médical encadré… et ambition industrielle affirmée.
Avec cette levée de fonds, elle rejoint le club restreint des startups françaises capables d’attirer des fonds structurants à l’international tout en gardant une forte identité ancrée dans la santé. C’est aussi un signal positif pour la filière des exosquelettes médicaux, encore peu représentée dans les appels d’offres publics ou les feuilles de route régionales.
Une promesse concrète pour les acteurs du soin
Le cas Wandercraft montre que la robotique en santé n’est plus une utopie de congrès. Elle entre dans une phase où l’industrialisation rejoint les besoins du terrain. Si la promesse d’un exosquelette personnel tenu par l’IA reste encore à valider en pratique, l’écosystème santé, établissements SSR, centres MPR, assureurs, ARS, a tout intérêt à se préparer à cette bascule.
Dans un monde hospitalier confronté à la pénurie de soignants et à la recherche de solutions non médicamenteuses pour accélérer la récupération fonctionnelle, l’exosquelette n’est plus un gadget. Il devient un outil potentiel d’autonomisation, de désengorgement, et d’innovation thérapeutique.