Bien pédaler pour mieux se réadapter : pourquoi la cadence compte en réadaptation cardiaque ?
Souvent reléguée au second plan derrière la puissance et la fréquence cardiaque, la cadence de pédalage s’impose pourtant comme un déterminant essentiel de la qualité de l’effort en réadaptation cardiaque. En centre comme en téléréadaptation, maintenir un RPM stable garantit une charge mieux maîtrisée, un suivi plus homogène et une progression plus sûre. Un paramètre simple, mais stratégique, pour des programmes toujours plus performants.
Le vélo est bien plus qu’un simple outil d’entraînement au sein des programmes de réadaptation cardiaque : c’est une pièce maîtresse du dispositif médicale. Parce qu’il permet un effort dosé, mesurable et reproductible, il reste le support privilégié pour restaurer la capacité cardiorespiratoire après un infarctus, une chirurgie ou un épisode d’insuffisance cardiaque.
Mais derrière la charge en watts et la fréquence cardiaque, un autre paramètre influence directement les résultats : la cadence de pédalage.
Trop rapide, elle majore la dépense ventilatoire et les gains de la capacité aérobique du coeur. ; trop lente, elle accroît la contrainte musculaire et tensionnelle. Trouver le bon tempo, c’est offrir au cœur un environnement stable, sûr et optimal pour progresser.
La cadence : un levier de standardisation souvent sous-estimé
Lorsqu’un patient s’installe sur un ergocycle, on lui fixe une charge en watts et un temps d’effort. Pourtant, si la cadence varie librement, la réponse physiologique change :
- à cadence basse, le couple musculaire augmente ;
- à cadence élevée, la demande ventilatoire et cardiaque s’intensifie.
Une thèse française récente montre que « ralentir ou accélérer la cadence par rapport à une cadence optimale (~ 60 rpm) entraîne des réponses physiologiques et perceptives accrues ». En clair : pour une même puissance, maintenir une cadence stable améliore la tolérance et la régularité cardiaque.
Les données de la littérature confirment cette observation :
- Hamer et al., 2005 : à puissance égale, l’effort perçu (Borg) est plus élevé à 40 rpm qu’à 80 rpm.
- Joslyn, 1987 : une résistance plus importante, donc une cadence plus lente, accroît la perception d’effort.
- Mezzani et al., EJPC 2013 : recommandent d’éviter les cadences inférieures à 50 rpm, qui augmentent la contrainte musculaire sans bénéfice cardiovasculaire.
Adapter la puissance : une question d’individualisation et de sécurité
Le cardiologue prescrit une puissance cible à partir du test d’effort — par exemple 100 W —, mais cette valeur peut s’avérer inadéquate une fois le patient à domicile.
Les raisons sont multiples : vélo différent, affichage de puissance imprécis (écart de ±10 à 20 %), ressenti variable, ou fréquence cardiaque qui diverge.
D’où l’importance d’un ajustement dynamique dès la première séance.
Un simple ajustement de ±5 W est souvent insuffisant : les écarts inter-appareils ou inter-patients dépassent régulièrement 10–15 %.
Autrement dit, le pilotage de la puissance ne peut être dissocié du contrôle du ressenti et de la cadence.
Et en téléréadaptation ?
Avec les dispositifs de téléréadaptation, le suivi s’effectue à distance, mais la rigueur reste la même. Les données de cadence (RPM) sont désormais accessibles via la plupart des ergomètres ou capteurs connectés.
Maintenir une cadence cible (≈ 60–70 rpm) permet :
- de fiabiliser les données collectées,
- d’anticiper l’ajustement de charge,
- et de sécuriser l’effort chez le patient à domicile.
Un simple message peut tout changer : « Si votre compteur affiche < 50 rpm ou > 75 rpm pendant plus de 30 secondes, corrigez avant d’augmenter la résistance. »
Dans un cadre d’étude clinique, cette standardisation devient cruciale : garantir qu’un “100 W” correspond au même niveau d’effort entre deux patients ou deux vélos, c’est préserver la comparabilité des résultats et la validité des gains observés.
Recommandations pratiques pour les équipes et les patients
- Fixer une plage de cadence : 60–70 rpm pour la majorité des patients.
- Contrôler la cohérence puissance / fréquence cardiaque / Borg : ajuster dès la première séance.
- Surveiller les écarts de matériel : privilégier les mêmes modèles de vélos au sein d’un programme ou vérifier la calibration.
- Former les patients à la lecture du RPM : transformer cette donnée en repère d’autonomie.
En guise de clin d’œil réfléchi : On aime l’idée de “tourner les jambes pour faire tourner le cœur” — mais mieux vaut que les tours soient bien calibrés ! Un bon rythme, c’est un peu comme danser : ni trop vite, ni trop lentement… sinon on risque l’embardée (dans ce cas-ci, physiologique).
La cadence de pédalage n’est pas un simple détail mécanique : c’est un marqueur de qualité, de sécurité et d’efficacité du programme de réadaptation cardiaque.
En fixant et en respectant une cadence cible modérée, les équipes garantissent un effort harmonisé et un suivi plus fiable que ce soit en centre ou à domicile.
La donnée “RPM” pourrait bien devenir le nouveau “vital de séance” de la réadaptation moderne.
(Article sponsorisé par Ensweet)
